LE SIOM ET VOUS
La Parole Au Comité...

3 Questions à Patricia Leclercq, vice-présidente en charge des Prospectives Biodéchets.

 

Dans le but de favoriser la valorisation organique afin de limiter les émissions de gaz à effet de serre et faciliter le retour au sol, l’article 204 de la loi de Grenelle 2 stipule, pour les gros producteurs, une obligation de tri et de collecte des biodéchets comprenant les déchets alimentaires, les déchets organiques ainsi que les déchets fermentescibles… Une disposition qui va se généraliser aux habitants en 2025.

 

Rédaction SiomActus : Pouvez-vous nous éclairer sur les aspects réglementaires du traitement des biodéchets ?

 

Patrica Leclercq : La loi sur les biodéchets, entrée en application depuis 2012 pour les très gros producteurs (plus de 120 t/an), s’impose depuis 2016 aux établissements qui génèrent plus de 10 tonnes annuelles de déchets carnés. Secteurs de la restauration collective, marchés alimentaires, grandes et moyennes surfaces, hôpitaux, …, tous doivent s’organiser pour trier à la source et valoriser ces biodéchets par compostage et méthanisation. La prochaine étape c’est 2025 : dans sept ans, tous les Français seront concernés et devront disposer d’une solution pour trier ces déchets afin qu’ils soient ensuite transformés. Il faut donc s’y préparer, non seulement en tant que citoyen, mais aussi en tant que collectivité.

 

RSA : Le Siom a déjà mis en place des dispositifs dans ce domaine : compostage, collecte des déchets verts…

 

P.L. : Oui, en effet, le Siom sensibilise déjà depuis longtemps les habitants de son territoire à la valorisation organique en fournissant des composteurs. Les opérations de dons de poules, lancées il y a 2 ans, participent également à petite échelle au traitement des biodéchets. Notre syndicat collecte aussi, depuis près de 25 ans, les déchets végétaux qui sont ensuite traités sur la plateforme de compostage Zymovert, à Limours.

Mais la collecte de résidus alimentaires, notamment carnés, présente des contraintes particulières de par leur nature (écoulement de jus résiduel, risques sanitaires, …). Elle nécessite des véhicules spécifiques, un nettoyage régulier des équipements et des bacs de pré-collecte… A défaut de ramassages plus fréquents, il faut prévoir des lieux de stockage particulier pour les producteurs ; éventuellement une première transformation pour pouvoir espacer les tournées de collectes. Le Siom a réalisé une étude sur le sujet en 2016 pour évaluer précisément les enjeux et l’impact du dispositif nécessaire

 

RSA : Que ressort-il de cette étude ?

 

P.L. : Le facteur coût est important. En effet, le prix des moyens à mettre en œuvre pour assurer le traitement des biodéchets des entreprises - avant même de l’étendre aux particuliers - est élevé. Par ailleurs, comme vous le savez, le Siom n'a pas pour mission de collecter les déchets des professionnels mais ceux des ménages. Lorsqu’il le fait c’est dans le cadre d’un contrat avec une « Redevance Spéciale » qui devra être adaptée pour gérer les biodéchets de la cinquantaine de « gros » producteurs concernés. Dans tous les cas, cela ne doit pas impacter la Teom payée par les particuliers… Toujours est-il que nous nous préparons. La feuille de route Economie Circulaire, publiée il y a quelques semaines, a inscrit parmi les 50 mesures, le déploiement du tri à la source des biodéchets par les collectivités. Le Siom, qui est, depuis des années, résolument engagé dans le développement durable et la valorisation des déchets sous toutes ses formes, ne peut que s’inscrire dans ce projet et relever les défis qu’il implique.

 

Qu’est-ce qu’un biodéchet ?

 

Un biodéchet est un résidu composé de matières organiques (végétales, animales) dégradées par des micro-organismes. La réglementation concerne les biodéchets suivants :

 

  • Végétaux : fruits et légumes, pains, déchets verts...
  • Liquides : huiles alimentaires usagées
  • Comportant des sous-produits animaux : viande, poisson, œuf (hors cru)

 

Les biodéchets englobent en fait tous les déchets biodégradables non dangereux, de jardin ou de parc, tous les déchets alimentaires non dangereux ou de cuisine, issus notamment des ménages, des restaurants, des traiteurs ou des magasins de vente au détail, mais aussi tous les déchets comparables issus des établissements de production ou de transformation de denrées alimentaires.